Il y a quelque temps, le canton de Vaud a décidé d’abattre l’intégralité de la meute du Mont-Tendre, dans le massif du Jura vaudois.

Cette décision est évidemment difficile à accepter pour le WWF, mais il convient de rappeler que cette meute a tué 35 bovins en moins de deux mois. Elle remplit donc les critères d’abattage exigés par la loi. Dès lors, aucun recours ne peut être effectué au niveau juridique et nous n’avons malheureusement aucun moyen de suspendre ni de mettre un terme à cette procédure.

Nous avons cependant de fortes réserves quant à l’utilité du tir de la meute entière du Mont-Tendre. La conséquence pourrait se révéler contraire aux effets escomptés, avec une déstructuration du groupe et l’augmentation d’attaques d’individus isolés, dont on sait qu’ils sont davantage susceptibles de s’attaquer à des troupeaux. Le repeuplement rapide du territoire par de nouveaux individus essayant de reformer une meute entraîne lui aussi son lot d’incertitudes et de risques pour le bétail.

Pour les organisations environnementales, le fait que la population actuelle de loups en Suisse puisse être régulée de manière proactive est incontesté. Néanmoins, l'abattage de meutes entières doit rester l'exception. Les mesures adéquates de prévention et de protection des troupeaux fonctionnent et doivent continuer à être développées et privilégiées. Ainsi, l’élimination complète de la meute du Mont-Tendre ne garantit pas une meilleure sécurité du bétail. Une fois encore, la protection des troupeaux reste le pilier le plus sûr pour une cohabitation apaisée entre activités humaines et faune sauvage.

Les loups installés jouent par ailleurs leur rôle de régulateur naturel des populations de cerfs, dont on sait qu’ils menacent par endroit la régénération de la forêt. En décimant des meutes entières, on nie simplement le rôle écologique du loup bénéficiant à nos forêts. Qu’on le veuille ou non, le loup est de retour en Suisse, et va y rester. Le WWF continuera de s’engager pour une cohabitation apaisée entre grands prédateurs et activités humaines, comme il l’a fait jusqu’à présent.

La biodiversité peut être vue comme un entrelacs d’espèces, comparable à un mikado.
Au contraire du jeu, ce n’est pas la personne qui fait disparaître la dernière espèce qui gagne. Chaque animal, chaque végétal qui disparaît, bouscule le mikado du vivant et augmente ainsi le risque de collapse de pans entiers de la biodiversité, voire d’une fin de partie.

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les activités humaines peuvent fortement nuire à la biodiversité, mais peuvent aussi y
contribuer si elles sont faites en bonne intelligence et sans excès. Pour cela il faut des ressources et
des connaissances, encore insuffisantes en Suisse et dans le canton de Vaud, pour faire face à la 6ème
extinction de masse de la biodiversité en cours et d’origine humaine.

On l’aura compris, l’initiative biodiversité nous offre une chance supplémentaire de réussite et de
résilience.

Ne la négligeons pas.

Lorenzo Poglia, secrétaire régional du WWF Vaud